LIMOGES

LIMOGES

LIMOGES

Dans un Limousin où les petites villes de contact connaissent une certaine activité commerciale, il n’y a ni armature ni hiérarchie urbaines. Une ville domine toutes les autres, Limoges, située près de la bordure occidentale de la région. Cette cité doit sa naissance à son site de gué sur la Vienne, à la civilisation gallo-romaine qui créa Augustoritum. Et elle tient son essor médiéval des deux noyaux urbains nés l’un sur une hauteur, la Cité, l’autre plus à l’ouest, autour du tombeau de saint Martial, le Château. Leur rivalité a été génératrice de fonctions nouvelles, et Limoges est devenue très tôt un lieu d’entrepôt de marchandises et de concentration des hommes. Au XVIII^e siècle, l’intendant de la généralité, Turgot, développe la fonction industrielle et administrative. Grâce à lui, Limoges connaît l’ère dorée de la porcelaine et conquiert les marchés étrangers; elle a plus de dix mille ouvriers dans cette industrie à la fin du XIX^e siècle. Ville ouvrière, Limoges est un des fiefs du syndicalisme naissant (la C.G.T. y est née en 1895), et la porcelaine ne se remettra pas des grèves sanglantes de 1905; dans la décennie 1920-1930, c’est la chaussure qui devient la spécialité limogeoise avec neuf mille salariés.

En fait, la première moitié du XX^e siècle voit décliner tour à tour les fabrications traditionnelles qui avaient créé l’image de marque de la ville: porcelaine et émaux, considérés comme production de luxe, vers 1910; chaussure et industrie du cuir à cause de la concurrence extrarégionale avant la Seconde Guerre mondiale; laine et bonneterie enfin. Malgré la rénovation industrielle entreprise dans les années 1960, Limoges est avant tout une ville du tertiaire (73 p. 100 des actifs), phénomène lié en partie à son rôle de capitale régionale. Dans l’industrie, qui emploie 26 p. 100 des salariés, prédominent la construction, la fabrication de machines et d’équipements divers, l’industrie automobile et des matériels de transport, la fabrication de produits minéraux, l’édition et l’imprimerie, le textile et l’agroalimentaire. Le primaire (agriculture et mines) emploie moins de 1 p. 100 des actifs. Plusieurs zones d’activités (sur un total de 700 ha) ont été aménagées: quatre au sud de la ville (Romanet, Magré, Bellevue et une zone agroalimentaire) et quatre au nord (Limoges-Nord 1 et 2, la zone artisanale des Gravelles et un centre routier). Symbole du potentiel scientifique et technique de la ville, la technopole Ester, inaugurée en 1993, est un lieu d’interface entre la recherche, l’enseignement et l’industrie autour de secteurs spécifiques: céramique et matériaux, optique, électronique et télécommunications, traitement de l’eau et des déchets, biotechnologies principalement. Centre de convergence puis de redistribution des produits du Limousin, siège d’une préfecture régionale, capitale administrative, la ville, toutes conditions réunies, connaît un bel essor démographique, qui entraîne celui des cinq autres communes de l’agglomération et des neuf communes du groupement urbain; les vingt-six cités du schéma directeur situées dans un rayon de 20 kilomètres autour de Limoges s’urbanisent progressivement, et leur ensemble groupe environ 207 200 habitants. La ville de Limoges comptait 136 400 habitants au recensement de 1990, et son agglomération 173 400 (57 p. 100 de la population de la Haute-Vienne). Sa progression s’est accompagnée d’opérations de rénovation et d’extension de l’espace urbain, dont la plus vaste est la création, à l’ouest, de la Z.U.P. de l’Aurence. Ainsi, même si cela se fait à un niveau un peu inférieur, Limoges a une évolution positive, parallèle à celle d’autres centres régionaux comme Dijon ou Rennes; son chiffre de population a dépassé celui de Rouen et est supérieur d’au moins vingt mille habitants à celui de Caen.

Après plusieurs décennies de léthargie, Limoges est sortie de son isolement: les voies rapides de liaison permettent de faire l’aller et retour entre Limoges et Paris, ou d’autres grandes villes dans la journée. L’aéroport de Limoges-Bellegarde met la ville à une heure de vol des autres métropoles françaises. En outre, l’orientation naturelle du Limousin vers l’ouest prédestine la ville à étendre son influence vers les franges orientales de la Charente et de la Vienne, tandis que les cantons est de la Creuse et de la Corrèze vivent en autarcie ou préfèrent Clermont-Ferrand. Mais, à cette mutation, Limoges gagne plus qu’elle ne perd. Aussi devient-elle la capitale du Centre-Ouest dans une zone qui manque de grande ville. À ce titre, elle élargit son emprise et son rôle économique: c’est un bon pari sur l’avenir.

Limoges

v. de France, ch.-l. du dép. de la Haute-Vienne et de la Région Limousin; 136 407 hab. Centre comm. (marché agricole) et industr. traditionnelles (émaillerie d'art dep. le XIe s., porcelaines dep. le XVIIIe s.).

— Université. Cath. St-Étienne (XIIIe-XIVe s.). Pont St-Étienne (XIIIe s.). Musée de la céramique.

Encyclopédie Universelle. 2012.